L'icône de la Silicon Valley qui redéfinit la crypto : comment Peter Thiel a construit un empire crypto de 1,8 milliard de dollars pendant que personne ne regardait

L’empreinte de Peter Thiel dans le monde de la cryptomonnaie ressemble à une masterclass en investissement en phase de démarrage. Alors que la plupart des capital-risqueurs étaient encore sceptiques à propos des actifs numériques, ce vétéran de PayPal avait discrètement accumulé ce que Reuters estime à environ 1,8 milliard de dollars de retours en crypto avant de sortir stratégiquement avant la chute du marché en 2022. Sa résurgence à l’été 2023—déployant $200 million sur BTC et ETH lorsque les prix flottaient autour de 30 000 $ et 1 500-1 900 $ respectivement—signale que l’homme qui a autrefois façonné l’avenir de la fintech voit désormais l’infrastructure crypto comme la prochaine frontière.

De CEO de PayPal à l’opérateur le plus influent de la Silicon Valley

Le parcours de Thiel pour devenir un acteur majeur de la crypto ne s’est pas fait du jour au lendemain. En 1998, il a cofondé Fieldlink avec Max Levchin et Luke Nosek, une venture qui a initialement peiné avec un logiciel de sécurité portable avant de pivoter vers les paiements numériques. La fusion de 2000 avec X.com d’Elon Musk a cristallisé la vision de PayPal, et l’acquisition par eBay en 2002 pour 1,5 milliard de dollars a assuré la première grande accumulation de richesse de Thiel en tant que cofondateur et premier CEO.

Mais son véritable génie est apparu à travers son appareil de capital-risque. Son investissement dans Facebook en 2004—500 000 dollars lorsque le réseau social était évalué à seulement 4,9 millions de dollars—lui a permis d’obtenir 10,2 % des actions et un siège au conseil d’administration qui s’est finalement traduit par plus de 1,1 milliard de dollars de gains après l’IPO de 2012. Ce modèle d’identification de technologies transformatrices à des points d’inflexion est devenu la signature de Thiel.

Construire un empire d’investissement : The Founders Fund et au-delà

En 2005, Thiel a cofondé Founders Fund avec Luke Nosek et d’autres anciens de PayPal, initialement en soutenant la technologie de défense avant de se tourner vers les opportunités de “hard tech”. Sa philosophie—soutenir des entreprises capables “d’élever la civilisation à un nouveau sommet”—a guidé ses investissements dans Airbnb, LinkedIn, SpaceX, Stripe et DeepMind. Parallèlement, Palantir, sa société d’infrastructure de données fondée en 2003, est devenue indispensable aux opérations du gouvernement américain et des institutions, son cours de bourse ayant été multiplié par vingt en cinq ans.

Pourtant, Clarium Capital, son fonds spéculatif de 2002 gérant des stratégies macro globales, rappelle que le bilan de Thiel, bien que remarquable, n’est pas parfait. Le fonds a gonflé jusqu’à $8 milliard en 2008 avant que des rachats et des pertes ne le réduisent à $350 million en 2011.

Le point d’inflexion crypto : de Vitalik Buterin à l’infrastructure blockchain

L’entrée de Thiel dans la cryptomonnaie témoigne d’un timing prémonitoire. En 2014, la Thiel Fellowship—un programme de deux ans finançant des fondateurs de moins de 22 ans sans diplômes universitaires—a sélectionné Vitalik Buterin, cofondateur d’Ethereum, parmi ses cohortes. Alors que Vitalik est finalement devenu le technologue le plus reconnu de la crypto, le tour d’amorçage de BitPay en 2013, mené par Founders Fund, pour ($2 million) a révélé où se trouvait la conviction institutionnelle de Thiel : infrastructure de paiement et acceptation réglementaire.

Les investissements dans l’écosystème Block.one annoncés en 2018—y compris le soutien à la blockchain EOS—ont culminé en 2021 lorsque Bullish est apparu comme une plateforme de trading institutionnelle avec un soutien prétendu de $10 milliard de dollars de la part de Thiel, Alan Howard et Louis Bacon. Layer1, une plateforme d’infrastructure minière lancée en 2019 avec $50 million en tant qu’investisseur principal, s’alignait parfaitement avec sa thèse sur le contrôle de la production en amont : électricité, conception de puces et opérations minières verticalement intégrées sur le sol américain.

La vague actuelle : le pivot Ethereum de Bitmine et la légitimité institutionnelle d’ETH

La saga récente de Bitmine cristallise la position évoluée de Thiel. Lorsque Tom Lee, cofondateur de Fundstrat et analyste macro de renom, a pris la présidence en 2025 avec une $250 million de placement privé, la participation divulguée de 9,1 % de Thiel a signalé sa confiance dans une entreprise détenant désormais environ 1,2 million d’ETH—plus de $5 milliard de dollars en valeur de marché et la plus grande trésorerie ETH d’entreprise au monde, surpassant des concurrents comme Sharplink Gaming avec ses 728 800 ETH.

La hausse de 15 % du cours à la divulgation reflétait une reconnaissance plus large : l’allocation institutionnelle à la crypto avait dépassé la simple spéculation. Thiel ne pariait pas uniquement sur l’appréciation du prix—il misait sur le rôle de l’infrastructure Ethereum dans un système financier reconstruit.

La première de Bullish à la NYSE : le pari infrastructurel devient public

Août 2025 a apporté une autre validation. L’inscription de Bullish à la Bourse de New York représentait la conviction de Thiel, depuis une décennie, sur “l’infrastructure de trading institutionnelle” enfin accessible aux marchés publics. Ce n’était pas un coup rapide pour faire fortune ; c’était un pari sur un système où la structure du marché professionnel nécessitait des plateformes de trading décentralisées et interopérables.

La philosophie sous-jacente : pourquoi Thiel aime Bitcoin

Dans ses commentaires publics, Thiel positionne Bitcoin comme “l’or numérique”—une couverture contre la dévaluation monétaire et l’autorité incontrôlée des banques centrales. Lors d’un événement du Lincoln Network en 2021 à Miami, sa déclaration “tout ce que vous avez à faire, c’est d’acheter du Bitcoin” n’était pas une simple rhétorique ; elle reflétait une philosophie libertarienne sceptique à l’égard de l’architecture de la monnaie fiduciaire. Ses recommandations de livres et ses discours publics tissent constamment ensemble capitalisme, disruption technologique et méfiance envers l’empiétement institutionnel—des thèmes qui s’étendent naturellement à la finance décentralisée.

Le cadre intellectuel de Thiel, en partie articulé à travers des collaborations comme “Zero to One” (écrit avec Blake Masters), met l’accent sur la pensée contrarienne : parier sur des résultats que la majorité des investisseurs rejettent. Le marché crypto, autrefois rejeté comme des tulipes numériques, valide désormais sa thèse selon laquelle les technologies transformatrices traversent des cycles de rejet avant l’adoption institutionnelle.

Influence politique et pont entre Washington et la Silicon Valley

Au-delà des retours en venture, Thiel a construit un appareil politique qui rivalise avec de nombreux acteurs établis. Supporteur vocal de Trump en 2016—ce qui était atypique dans le consensus progressiste de la Silicon Valley—il a fait un don de 1,25 million de dollars et rejoint l’équipe de transition présidentielle. Son don record de $15 million à son protégé JD Vance( alors candidat au Sénat de l’Ohio, aujourd’hui Vice-président), a montré sa volonté d’investir dans des résultats politiques alignés avec ses préférences idéologiques.

Blake Masters, un autre allié de Thiel et collaborateur de “Zero to One”, a reçu plus de $10 million en soutien de super PAC. The Guardian a rapporté en 2023 que l’enthousiasme de Thiel pour Trump s’était émoussé, décrivant son soutien antérieur comme “un cri incohérent d’aide” durant une période plus “dangereuse que prévu”. La dissatisfaction rapportée de Trump face à un engagement refusé de $10 million début 2023 indiquait des fissures, et Thiel s’est notablement abstenu de financer la campagne de 2024.

La vision d’ensemble : Thiel comme architecte du marché

Ce qui distingue Thiel des investisseurs riches ordinaires, c’est sa capacité à façonner des écosystèmes plutôt qu’à simplement en retirer des gains. Son pari initial sur Facebook ne portait pas sur le timing d’un événement de liquidité—c’était la reconnaissance que les réseaux sociaux allaient restructurer la distribution de l’information. Sa thèse sur la crypto suit une logique similaire : Bitcoin et Ethereum ne représentent pas des opportunités de trading ; ils incarnent des changements architecturaux dans les systèmes monétaires et contractuels.

La coïncidence de la montée du trésor ETH de Bitmine, l’entrée en marché public de Bullish, et la relance de l’allocation institutionnelle à la crypto suggèrent que Thiel se positionne avant un autre point d’inflexion infrastructurel. Que ce soit par des détentions directes, des participations dans des sociétés de portefeuille ou une influence politique sur la réglementation, il construit des conditions favorables aux systèmes décentralisés.

Son héritage dépasse les simples retours. En validant des paris technologiques hétérodoxes lorsque le consensus disait “non”, Thiel a créé des structures de permission pour que d’autres suivent. Les anciens de PayPal ont ensuite fondé Tesla, YouTube et d’innombrables ventures fintech. De même, son soutien public à la crypto a apporté de la crédibilité quand l’industrie en avait désespérément besoin, accélérant la transition de “curiosité de la Silicon Valley” à “classe d’actifs institutionnelle”.

Pour les observateurs du marché suivant les flux de capitaux concentrés, les mouvements récents de Thiel offrent un signal fiable : l’adoption institutionnelle de la crypto n’est pas une tendance—c’est le déploiement d’infrastructure. Lorsqu’une figure avec son parcours et sa conviction penche vers une thèse, prêter attention à ses raisonnements reste un exercice précieux pour les investisseurs cherchant à comprendre la prochaine vague de transformation technologique.