L'industrie K-Pop à un carrefour : l'affaire de manipulation boursière de Kim Beom-su et ses implications pour les fusions-acquisitions dans le divertissement
L’industrie du divertissement sud-coréen retient son souffle alors que les procureurs réclament une peine de prison de 15 ans et une amende d’environ 359 600 $ contre Kim Beom-su, milliardaire fondateur de Kakao, pour des accusations de manipulation de marché dans la bataille à haut risque pour le contrôle de SM Entertainment. L’affaire représente bien plus qu’un simple litige d’entreprise — elle redéfinit la manière dont l’industrie du K-pop mènera ses fusions et acquisitions, et ce qui constitue un comportement concurrentiel acceptable dans l’un des marchés les plus lucratifs d’Asie.
Les principales accusations : comment Kakao aurait devancé HYBE
Au cœur de la controverse se trouve une allégation selon laquelle Kim Beom-su aurait orchestré une campagne d’achat d’actions illégale pour bloquer la tentative de HYBE, (la société derrière BTS, SEVENTEEN et NewJeans), d’acquérir SM Entertainment via une offre publique d’achat à 120 000 won coréens par action. Les procureurs soutiennent que Kakao Corp et ses filiales ont délibérément gonflé le prix de l’action de SM par des achats coordonnés sur le marché, sécurisant ainsi le contrôle majoritaire et générant environ 240 milliards de won coréens ($172,6 millions) de profits injustifiés pour Kim et d’autres participants.
Le stratagème, selon les procureurs, a nécessité que Kim dissimule délibérément les intentions de Kakao au public et aux régulateurs du marché tout en réalisant des achats destinés à faire monter le prix pour exclure l’adversaire. Lorsque Kakao est finalement devenu l’actionnaire majoritaire de SM, la filiale Kakao Entertainment — déjà active dans plusieurs labels musicaux, notamment Starship Entertainment, IST Entertainment (qui abrite des artistes comme Huening Bahiyyih), High Up Entertainment, Antenna, et EDAM Entertainment — a considérablement étendu son contrôle du marché.
La chronologie : de la bataille sur le marché au drame judiciaire
Juillet 2024 : Kim Beom-su arrêté suite à une enquête sur la stratégie d’acquisition de Kakao.
Août 2024 : Mise en examen officielle en vertu de la loi sud-coréenne sur les marchés financiers, qui interdit spécifiquement la manipulation de marché et les pratiques de trading déloyales.
29 août 2025 : La cour de Séoul entend l’affaire des procureurs demandant les peines maximales. Kim maintient son innocence, déclarant en cour : « Tout au long de ma carrière, j’ai assisté à d’innombrables réunions, mais pas une seule fois je n’ai approuvé quelque chose d’illégal ou considéré cela comme faisant partie de notre stratégie. »
Kakao Entertainment a refusé de commenter la procédure en cours.
Pourquoi le système juridique sud-coréen considère cela comme grave
Selon la loi sur les marchés financiers, les crimes de manipulation de marché sont calibrés en fonction des gains financiers impliqués. En général, des gains injustifiés dépassant 30 milliards de won (environ 21,6 millions de dollars) entraînent des peines de sept à 11 ans de prison. Cependant, lorsque les procureurs peuvent démontrer un impact significatif sur le marché, une activité de trading déloyal à grande échelle ou des méthodes particulièrement malveillantes, les juges peuvent augmenter la peine jusqu’à 15 ans — c’est précisément là que se positionne le dossier Kakao. Ce cadre juridique suggère que les autorités considèrent l’acquisition de SM Entertainment comme une violation systématique et délibérée plutôt qu’un incident isolé.
Les enjeux pour l’industrie : ce qu’une décision pourrait signifier
La décision de la cour de Séoul établira un précédent crucial sur la limite entre stratégie de marché agressive et conduite criminelle. Pour le secteur du K-pop et le divertissement en général, le résultat comporte plusieurs dimensions :
Structuration des fusions : Les fonds d’investissement privés mondiaux et les sociétés de divertissement coréennes surveillent de près pour comprendre comment les futures offres pour des catalogues musicaux et des agences devront être divulguées et exécutées. Si la cour tranche contre Kim, les futures opérations de M&A dans le secteur du divertissement coréen seront probablement soumises à une surveillance accrue et à des processus d’appel d’offres plus transparents.
L’avenir de Kakao Entertainment : Le conglomérat a déjà montré son engagement dans la division divertissement en lançant le groupe de garçons international dearALICE en partenariat avec SM Entertainment et la société de production britannique Moon&Back Media. Une condamnation pourrait compliquer ces plans d’expansion et forcer une recalibration stratégique.
L’influence de Kim : Malgré sa démission de la gestion opérationnelle en mars 2025 pour des raisons de santé (il serait en traitement pour un cancer de la vessie à un stade précoce), Kim reste l’actionnaire majoritaire de Kakao Corp avec une participation de 24,12 %. Forbes le classe actuellement comme la quatrième personne la plus riche de Corée du Sud, avec une valeur nette estimée à 5,1 milliards de dollars. Une condamnation pourrait fondamentalement modifier son héritage entrepreneurial.
Pourquoi cela importe au-delà du tribunal
La portée de Kakao dépasse largement le K-pop. La société exploite la plateforme de messagerie dominante en Corée, des services bancaires, des divisions de jeux, des plateformes de shopping, des services de transport et une infrastructure de streaming de contenu — ce qui en fait sans doute le conglomérat technologique le plus intégré dans la vie quotidienne sud-coréenne. La division musicale de Kakao Entertainment ne se contente pas de gérer ses propres artistes ; elle sert aussi de distributeur pour des agences K-pop indépendantes non affiliées à Kakao, lui conférant une influence considérable sur les artistes qui atteignent à la fois le public national et international.
Le litige de licence de 2021 entre Kakao et Spotify — qui a temporairement retiré la musique d’IU, Monsta X, MAMAMOO, Epik High et d’autres grands artistes de la plus grande plateforme de streaming mondiale pendant 10 jours — a montré à quel point Kakao détient du pouvoir sur le marché. L’acquisition de SM Entertainment a encore renforcé cette position.
Le portefeuille actuel de Kakao Entertainment
La structure multi-label de la société comprend désormais :
Starship Entertainment : Monsta X, IVE, WJSN, CRAVITY, et d’autres
IST Entertainment : VICTON, ATBO, et Huening Bahiyyih (membre de Kep1er)
EDAM Entertainment : IU et WOODZ
High-Up Entertainment : STAYC et Black Eyed Pilseung
Antenna : Lee Hyori, You Hee-yeol, et plusieurs artistes émergents
Cette structure consolidée crée des synergies importantes, permettant à Kakao de tirer parti de son écosystème de messagerie, banque, jeux et shopping pour promouvoir et monétiser le contenu musical à travers plusieurs points de contact.
Réaction du marché et perspectives
Vendredi 29 août, l’action de Kakao Corp a chuté de 1 000 won coréens (environ 0,72 $), clôturant en baisse de 1,57 % pour la journée et de 2,95 % pour la semaine. Malgré l’incertitude juridique, l’action Kakao affiche une hausse de près de 67 % depuis le début de l’année, suite à un rallye estival, ce qui suggère que les investisseurs ne paniquent pas uniquement en raison de la demande de peine des procureurs.
La cour de Séoul doit maintenant prendre une décision qui aura des répercussions sur l’industrie du K-pop, le secteur technologique coréen plus large, et les pratiques mondiales de M&A dans le divertissement. Le verdict validera soit la stratégie d’acquisition de Kakao comme une concurrence agressive mais légale, soit établira que la protection d’un accès équitable au marché pour les actifs de divertissement de premier plan nécessite des sanctions pénales pour les entreprises dirigées par des milliardaires. Quoi qu’il en soit, cette décision définira les limites acceptables pour les conglomérats technologiques cherchant à consolider leur contrôle sur le patrimoine culturel dans l’un des marchés de divertissement les plus compétitifs au monde.
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L'industrie K-Pop à un carrefour : l'affaire de manipulation boursière de Kim Beom-su et ses implications pour les fusions-acquisitions dans le divertissement
L’industrie du divertissement sud-coréen retient son souffle alors que les procureurs réclament une peine de prison de 15 ans et une amende d’environ 359 600 $ contre Kim Beom-su, milliardaire fondateur de Kakao, pour des accusations de manipulation de marché dans la bataille à haut risque pour le contrôle de SM Entertainment. L’affaire représente bien plus qu’un simple litige d’entreprise — elle redéfinit la manière dont l’industrie du K-pop mènera ses fusions et acquisitions, et ce qui constitue un comportement concurrentiel acceptable dans l’un des marchés les plus lucratifs d’Asie.
Les principales accusations : comment Kakao aurait devancé HYBE
Au cœur de la controverse se trouve une allégation selon laquelle Kim Beom-su aurait orchestré une campagne d’achat d’actions illégale pour bloquer la tentative de HYBE, (la société derrière BTS, SEVENTEEN et NewJeans), d’acquérir SM Entertainment via une offre publique d’achat à 120 000 won coréens par action. Les procureurs soutiennent que Kakao Corp et ses filiales ont délibérément gonflé le prix de l’action de SM par des achats coordonnés sur le marché, sécurisant ainsi le contrôle majoritaire et générant environ 240 milliards de won coréens ($172,6 millions) de profits injustifiés pour Kim et d’autres participants.
Le stratagème, selon les procureurs, a nécessité que Kim dissimule délibérément les intentions de Kakao au public et aux régulateurs du marché tout en réalisant des achats destinés à faire monter le prix pour exclure l’adversaire. Lorsque Kakao est finalement devenu l’actionnaire majoritaire de SM, la filiale Kakao Entertainment — déjà active dans plusieurs labels musicaux, notamment Starship Entertainment, IST Entertainment (qui abrite des artistes comme Huening Bahiyyih), High Up Entertainment, Antenna, et EDAM Entertainment — a considérablement étendu son contrôle du marché.
La chronologie : de la bataille sur le marché au drame judiciaire
Juillet 2024 : Kim Beom-su arrêté suite à une enquête sur la stratégie d’acquisition de Kakao.
Août 2024 : Mise en examen officielle en vertu de la loi sud-coréenne sur les marchés financiers, qui interdit spécifiquement la manipulation de marché et les pratiques de trading déloyales.
29 août 2025 : La cour de Séoul entend l’affaire des procureurs demandant les peines maximales. Kim maintient son innocence, déclarant en cour : « Tout au long de ma carrière, j’ai assisté à d’innombrables réunions, mais pas une seule fois je n’ai approuvé quelque chose d’illégal ou considéré cela comme faisant partie de notre stratégie. »
Kakao Entertainment a refusé de commenter la procédure en cours.
Pourquoi le système juridique sud-coréen considère cela comme grave
Selon la loi sur les marchés financiers, les crimes de manipulation de marché sont calibrés en fonction des gains financiers impliqués. En général, des gains injustifiés dépassant 30 milliards de won (environ 21,6 millions de dollars) entraînent des peines de sept à 11 ans de prison. Cependant, lorsque les procureurs peuvent démontrer un impact significatif sur le marché, une activité de trading déloyal à grande échelle ou des méthodes particulièrement malveillantes, les juges peuvent augmenter la peine jusqu’à 15 ans — c’est précisément là que se positionne le dossier Kakao. Ce cadre juridique suggère que les autorités considèrent l’acquisition de SM Entertainment comme une violation systématique et délibérée plutôt qu’un incident isolé.
Les enjeux pour l’industrie : ce qu’une décision pourrait signifier
La décision de la cour de Séoul établira un précédent crucial sur la limite entre stratégie de marché agressive et conduite criminelle. Pour le secteur du K-pop et le divertissement en général, le résultat comporte plusieurs dimensions :
Structuration des fusions : Les fonds d’investissement privés mondiaux et les sociétés de divertissement coréennes surveillent de près pour comprendre comment les futures offres pour des catalogues musicaux et des agences devront être divulguées et exécutées. Si la cour tranche contre Kim, les futures opérations de M&A dans le secteur du divertissement coréen seront probablement soumises à une surveillance accrue et à des processus d’appel d’offres plus transparents.
L’avenir de Kakao Entertainment : Le conglomérat a déjà montré son engagement dans la division divertissement en lançant le groupe de garçons international dearALICE en partenariat avec SM Entertainment et la société de production britannique Moon&Back Media. Une condamnation pourrait compliquer ces plans d’expansion et forcer une recalibration stratégique.
L’influence de Kim : Malgré sa démission de la gestion opérationnelle en mars 2025 pour des raisons de santé (il serait en traitement pour un cancer de la vessie à un stade précoce), Kim reste l’actionnaire majoritaire de Kakao Corp avec une participation de 24,12 %. Forbes le classe actuellement comme la quatrième personne la plus riche de Corée du Sud, avec une valeur nette estimée à 5,1 milliards de dollars. Une condamnation pourrait fondamentalement modifier son héritage entrepreneurial.
Pourquoi cela importe au-delà du tribunal
La portée de Kakao dépasse largement le K-pop. La société exploite la plateforme de messagerie dominante en Corée, des services bancaires, des divisions de jeux, des plateformes de shopping, des services de transport et une infrastructure de streaming de contenu — ce qui en fait sans doute le conglomérat technologique le plus intégré dans la vie quotidienne sud-coréenne. La division musicale de Kakao Entertainment ne se contente pas de gérer ses propres artistes ; elle sert aussi de distributeur pour des agences K-pop indépendantes non affiliées à Kakao, lui conférant une influence considérable sur les artistes qui atteignent à la fois le public national et international.
Le litige de licence de 2021 entre Kakao et Spotify — qui a temporairement retiré la musique d’IU, Monsta X, MAMAMOO, Epik High et d’autres grands artistes de la plus grande plateforme de streaming mondiale pendant 10 jours — a montré à quel point Kakao détient du pouvoir sur le marché. L’acquisition de SM Entertainment a encore renforcé cette position.
Le portefeuille actuel de Kakao Entertainment
La structure multi-label de la société comprend désormais :
Cette structure consolidée crée des synergies importantes, permettant à Kakao de tirer parti de son écosystème de messagerie, banque, jeux et shopping pour promouvoir et monétiser le contenu musical à travers plusieurs points de contact.
Réaction du marché et perspectives
Vendredi 29 août, l’action de Kakao Corp a chuté de 1 000 won coréens (environ 0,72 $), clôturant en baisse de 1,57 % pour la journée et de 2,95 % pour la semaine. Malgré l’incertitude juridique, l’action Kakao affiche une hausse de près de 67 % depuis le début de l’année, suite à un rallye estival, ce qui suggère que les investisseurs ne paniquent pas uniquement en raison de la demande de peine des procureurs.
La cour de Séoul doit maintenant prendre une décision qui aura des répercussions sur l’industrie du K-pop, le secteur technologique coréen plus large, et les pratiques mondiales de M&A dans le divertissement. Le verdict validera soit la stratégie d’acquisition de Kakao comme une concurrence agressive mais légale, soit établira que la protection d’un accès équitable au marché pour les actifs de divertissement de premier plan nécessite des sanctions pénales pour les entreprises dirigées par des milliardaires. Quoi qu’il en soit, cette décision définira les limites acceptables pour les conglomérats technologiques cherchant à consolider leur contrôle sur le patrimoine culturel dans l’un des marchés de divertissement les plus compétitifs au monde.