Le marché mondial du lithium connaît une croissance sans précédent, stimulée par l’expansion explosive des véhicules électriques et des systèmes de stockage d’énergie. Mais quel pays détient le plus de réserves de lithium, et cela se traduit-il par une domination sur le marché ? La réponse est plus nuancée que ce que suggèrent simplement les chiffres de réserves.
Le panorama mondial des réserves de lithium
En 2024, les réserves mondiales totales de lithium s’élèvent à 30 millions de tonnes métriques. Cependant, ces réserves sont fortement concentrées. Seuls quatre pays—Chili, Australie, Argentine et Chine—contrôlent environ 73 % des dépôts mondiaux, remodelant la dynamique géopolitique autour de la technologie des batteries et de la transition vers une énergie propre.
Benchmark Mineral Intelligence prévoit que la demande de batteries lithium-ion (ESS) connaîtra une hausse spectaculaire, avec une consommation liée aux véhicules électriques et aux systèmes de stockage d’énergie qui devrait augmenter de plus de 30 % d’une année sur l’autre jusqu’en 2025. Cette trajectoire rend essentielle la compréhension de la répartition des réserves pour les investisseurs et les décideurs politiques.
Chili : le poids lourd incontesté des réserves
Le Chili domine les réserves mondiales de lithium avec 9,3 millions de tonnes métriques—près d’un tiers de tous les dépôts connus dans le monde. La région du Salar de Atacama représente à elle seule environ 33 % de la base de réserves de lithium mondiale, abritant ce qui est considéré comme le lithium « économiquement extractible » le plus important de la planète.
Malgré la détention du plus grand stock, le Chili s’est classé deuxième en production en 2024, avec 44 000 tonnes métriques. Les principaux opérateurs SQM et Albemarle contrôlent la majorité des opérations via leur présence dans les salars d’Atacama. En 2023, le président chilien Gabriel Boric a lancé des efforts de nationalisation partielle, intégrant la société d’État Codelco dans des positions de contrôle sur toutes les opérations d’Atacama—une démarche visant à capter une plus grande valeur du patrimoine minier national tout en soutenant la transition vers des économies durables.
Le cadre réglementaire du pays, tout en protégeant les intérêts nationaux, a limité sa part de marché mondiale par rapport à l’abondance de ses réserves. Pour l’avenir, le processus d’appel d’offres de 2025 pour sept contrats d’exploitation de lithium dans six salars introduira une nouvelle concurrence, notamment via un consortium Codelco-Eramet-Quiborax.
Australie : un géant de la production avec des avantages en roche dure
Les réserves australiennes de 7 millions de tonnes métriques se classent au deuxième rang mondial, mais le pays a atteint la plus grande production mondiale de lithium en 2024. Ce paradoxe apparent révèle une vérité essentielle : la taille des réserves ne garantit pas l’efficacité de la production.
Les dépôts australiens diffèrent fondamentalement des sources chiliennes et argentines—ils existent sous forme de spodumène en roche dure plutôt que de saumures, nécessitant des méthodes d’extraction différentes. La mine de Greenbushes, exploitée via une coentreprise impliquant Talison Lithium (en partenariat avec Tianqi Lithium et Albemarle), produit du lithium de façon continue depuis 1985 et reste une pierre angulaire de l’approvisionnement mondial.
La volatilité récente des prix a incité certains opérateurs à suspendre ou réduire leurs activités en attendant la stabilisation du marché. Parallèlement, des recherches récentes publiées par l’Université de Sydney en collaboration avec Geoscience Australia révèlent un potentiel inexploité de lithium dans le Queensland, la Nouvelle-Galles du Sud et Victoria—des régions auparavant éclipsées par la domination de l’Australie-Occidentale. Ces résultats suggèrent que la capacité de production de l’Australie dépasse largement ses principaux centres miniers actuels.
Argentine : une production en hausse, une position stratégique
L’Argentine détient 4 millions de tonnes métriques de réserves et se classe quatrième en production mondiale avec 18 000 tonnes métriques par an. Faisant partie du « Triangle du lithium » (aux côtés du Chili et de la Bolivie), l’Argentine abrite plus de la moitié des réserves mondiales de lithium.
L’engagement du gouvernement s’est renforcé avec une promesse d’investissement de 4,2 milliards de dollars en 2022, visant à augmenter la capacité de production. Cette stratégie a porté ses fruits en 2024, lorsque Argosy Minerals a obtenu l’approbation pour étendre ses opérations dans le salar de Rincon, passant de 2 000 à 12 000 tonnes métriques par an. Le géant minier Rio Tinto a annoncé un plan d’expansion encore plus ambitieux de 2,5 milliards de dollars, visant une augmentation de capacité de 3 000 à 60 000 tonnes métriques d’ici 2028.
La position concurrentielle de l’Argentine repose sur son efficacité en termes de coûts—le pays maintient une production rentable même en période de prix faibles. Avec environ 50 projets avancés de mines de lithium en développement, le pays se positionne comme un fournisseur futur majeur.
Chine : réserves, domination du traitement et stratégie de marché
La Chine détient 3 millions de tonnes métriques de réserves de lithium prouvées, se classant quatrième parmi les principaux détenteurs de réserves. Cependant, ce chiffre sous-estime l’influence réelle de la Chine sur le marché mondial. Le pays a produit 41 000 tonnes métriques en 2024 tout en contrôlant la fabrication de batteries lithium-ion, les installations de traitement et de raffinage—gouvernant ainsi la chaîne de valeur au-delà de l’extraction des matières premières.
La composition des dépôts chinois reflète sa flexibilité stratégique : les saumures constituent la majorité, mais les réserves de spodumène et de lépidolite en roche dure offrent une diversification. La Chine importe également d’importantes quantités de lithium d’Australie pour alimenter ses secteurs massifs d’électronique et de véhicules électriques.
Fin 2024, des responsables du Département d’État américain ont accusé la Chine d’utiliser des stratégies de prix prédatrices pour éliminer ses concurrents non chinois—une allégation qui reflète la montée des tensions autour du contrôle de la chaîne d’approvisionnement. Plus récemment, les médias chinois ont rapporté une expansion spectaculaire des réserves, affirmant que les dépôts nationaux représentent désormais 16,5 % des ressources mondiales (contre 6 %), incluant une nouvelle ceinture de lithium de 2 800 kilomètres dans l’ouest, avec des réserves prouvées dépassant 6,5 millions de tonnes de minerai de lithium et des ressources potentielles supérieures à 30 millions de tonnes.
La réserve secondaire
Au-delà des « Quatre Grands », plusieurs nations détiennent des stocks significatifs : le Canada (1,2 million de tonnes), les États-Unis (1,8 million de tonnes), le Zimbabwe (480 000 tonnes), le Brésil (390 000 tonnes), et le Portugal (60 000 tonnes)—le plus grand d’Europe. Le Portugal a produit 380 tonnes métriques en 2024, signalant le rôle émergent de l’Europe dans les chaînes d’approvisionnement en batteries.
Réserves vs. Production : la distinction cruciale
La principale leçon pour les investisseurs : savoir quel pays détient le plus de réserves de lithium ne raconte qu’une moitié de l’histoire. L’abondance des réserves ne garantit pas l’influence sur le marché ni la rentabilité. L’Australie produit davantage malgré ses réserves inférieures à celles du Chili. L’Argentine maintient sa compétitivité en termes de coûts grâce à son efficacité opérationnelle. La Chine contrôle le traitement et la fabrication malgré un classement modeste en réserves.
La croissance future de la production dépendra de l’efficacité technologique, des investissements en capital, du cadre réglementaire et des environnements de prix—pas seulement de la taille des réserves. À mesure que la demande mondiale de lithium s’accélérera au cours de la prochaine décennie, les nations disposant d’une combinaison stratégique de réserves abondantes, d’expertise opérationnelle et de chaînes d’approvisionnement intégrées émergeront comme les véritables leaders du marché.
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Quel pays détient les plus grandes réserves de lithium ? Une plongée dans l'approvisionnement mondial en métaux pour batteries
Le marché mondial du lithium connaît une croissance sans précédent, stimulée par l’expansion explosive des véhicules électriques et des systèmes de stockage d’énergie. Mais quel pays détient le plus de réserves de lithium, et cela se traduit-il par une domination sur le marché ? La réponse est plus nuancée que ce que suggèrent simplement les chiffres de réserves.
Le panorama mondial des réserves de lithium
En 2024, les réserves mondiales totales de lithium s’élèvent à 30 millions de tonnes métriques. Cependant, ces réserves sont fortement concentrées. Seuls quatre pays—Chili, Australie, Argentine et Chine—contrôlent environ 73 % des dépôts mondiaux, remodelant la dynamique géopolitique autour de la technologie des batteries et de la transition vers une énergie propre.
Benchmark Mineral Intelligence prévoit que la demande de batteries lithium-ion (ESS) connaîtra une hausse spectaculaire, avec une consommation liée aux véhicules électriques et aux systèmes de stockage d’énergie qui devrait augmenter de plus de 30 % d’une année sur l’autre jusqu’en 2025. Cette trajectoire rend essentielle la compréhension de la répartition des réserves pour les investisseurs et les décideurs politiques.
Chili : le poids lourd incontesté des réserves
Le Chili domine les réserves mondiales de lithium avec 9,3 millions de tonnes métriques—près d’un tiers de tous les dépôts connus dans le monde. La région du Salar de Atacama représente à elle seule environ 33 % de la base de réserves de lithium mondiale, abritant ce qui est considéré comme le lithium « économiquement extractible » le plus important de la planète.
Malgré la détention du plus grand stock, le Chili s’est classé deuxième en production en 2024, avec 44 000 tonnes métriques. Les principaux opérateurs SQM et Albemarle contrôlent la majorité des opérations via leur présence dans les salars d’Atacama. En 2023, le président chilien Gabriel Boric a lancé des efforts de nationalisation partielle, intégrant la société d’État Codelco dans des positions de contrôle sur toutes les opérations d’Atacama—une démarche visant à capter une plus grande valeur du patrimoine minier national tout en soutenant la transition vers des économies durables.
Le cadre réglementaire du pays, tout en protégeant les intérêts nationaux, a limité sa part de marché mondiale par rapport à l’abondance de ses réserves. Pour l’avenir, le processus d’appel d’offres de 2025 pour sept contrats d’exploitation de lithium dans six salars introduira une nouvelle concurrence, notamment via un consortium Codelco-Eramet-Quiborax.
Australie : un géant de la production avec des avantages en roche dure
Les réserves australiennes de 7 millions de tonnes métriques se classent au deuxième rang mondial, mais le pays a atteint la plus grande production mondiale de lithium en 2024. Ce paradoxe apparent révèle une vérité essentielle : la taille des réserves ne garantit pas l’efficacité de la production.
Les dépôts australiens diffèrent fondamentalement des sources chiliennes et argentines—ils existent sous forme de spodumène en roche dure plutôt que de saumures, nécessitant des méthodes d’extraction différentes. La mine de Greenbushes, exploitée via une coentreprise impliquant Talison Lithium (en partenariat avec Tianqi Lithium et Albemarle), produit du lithium de façon continue depuis 1985 et reste une pierre angulaire de l’approvisionnement mondial.
La volatilité récente des prix a incité certains opérateurs à suspendre ou réduire leurs activités en attendant la stabilisation du marché. Parallèlement, des recherches récentes publiées par l’Université de Sydney en collaboration avec Geoscience Australia révèlent un potentiel inexploité de lithium dans le Queensland, la Nouvelle-Galles du Sud et Victoria—des régions auparavant éclipsées par la domination de l’Australie-Occidentale. Ces résultats suggèrent que la capacité de production de l’Australie dépasse largement ses principaux centres miniers actuels.
Argentine : une production en hausse, une position stratégique
L’Argentine détient 4 millions de tonnes métriques de réserves et se classe quatrième en production mondiale avec 18 000 tonnes métriques par an. Faisant partie du « Triangle du lithium » (aux côtés du Chili et de la Bolivie), l’Argentine abrite plus de la moitié des réserves mondiales de lithium.
L’engagement du gouvernement s’est renforcé avec une promesse d’investissement de 4,2 milliards de dollars en 2022, visant à augmenter la capacité de production. Cette stratégie a porté ses fruits en 2024, lorsque Argosy Minerals a obtenu l’approbation pour étendre ses opérations dans le salar de Rincon, passant de 2 000 à 12 000 tonnes métriques par an. Le géant minier Rio Tinto a annoncé un plan d’expansion encore plus ambitieux de 2,5 milliards de dollars, visant une augmentation de capacité de 3 000 à 60 000 tonnes métriques d’ici 2028.
La position concurrentielle de l’Argentine repose sur son efficacité en termes de coûts—le pays maintient une production rentable même en période de prix faibles. Avec environ 50 projets avancés de mines de lithium en développement, le pays se positionne comme un fournisseur futur majeur.
Chine : réserves, domination du traitement et stratégie de marché
La Chine détient 3 millions de tonnes métriques de réserves de lithium prouvées, se classant quatrième parmi les principaux détenteurs de réserves. Cependant, ce chiffre sous-estime l’influence réelle de la Chine sur le marché mondial. Le pays a produit 41 000 tonnes métriques en 2024 tout en contrôlant la fabrication de batteries lithium-ion, les installations de traitement et de raffinage—gouvernant ainsi la chaîne de valeur au-delà de l’extraction des matières premières.
La composition des dépôts chinois reflète sa flexibilité stratégique : les saumures constituent la majorité, mais les réserves de spodumène et de lépidolite en roche dure offrent une diversification. La Chine importe également d’importantes quantités de lithium d’Australie pour alimenter ses secteurs massifs d’électronique et de véhicules électriques.
Fin 2024, des responsables du Département d’État américain ont accusé la Chine d’utiliser des stratégies de prix prédatrices pour éliminer ses concurrents non chinois—une allégation qui reflète la montée des tensions autour du contrôle de la chaîne d’approvisionnement. Plus récemment, les médias chinois ont rapporté une expansion spectaculaire des réserves, affirmant que les dépôts nationaux représentent désormais 16,5 % des ressources mondiales (contre 6 %), incluant une nouvelle ceinture de lithium de 2 800 kilomètres dans l’ouest, avec des réserves prouvées dépassant 6,5 millions de tonnes de minerai de lithium et des ressources potentielles supérieures à 30 millions de tonnes.
La réserve secondaire
Au-delà des « Quatre Grands », plusieurs nations détiennent des stocks significatifs : le Canada (1,2 million de tonnes), les États-Unis (1,8 million de tonnes), le Zimbabwe (480 000 tonnes), le Brésil (390 000 tonnes), et le Portugal (60 000 tonnes)—le plus grand d’Europe. Le Portugal a produit 380 tonnes métriques en 2024, signalant le rôle émergent de l’Europe dans les chaînes d’approvisionnement en batteries.
Réserves vs. Production : la distinction cruciale
La principale leçon pour les investisseurs : savoir quel pays détient le plus de réserves de lithium ne raconte qu’une moitié de l’histoire. L’abondance des réserves ne garantit pas l’influence sur le marché ni la rentabilité. L’Australie produit davantage malgré ses réserves inférieures à celles du Chili. L’Argentine maintient sa compétitivité en termes de coûts grâce à son efficacité opérationnelle. La Chine contrôle le traitement et la fabrication malgré un classement modeste en réserves.
La croissance future de la production dépendra de l’efficacité technologique, des investissements en capital, du cadre réglementaire et des environnements de prix—pas seulement de la taille des réserves. À mesure que la demande mondiale de lithium s’accélérera au cours de la prochaine décennie, les nations disposant d’une combinaison stratégique de réserves abondantes, d’expertise opérationnelle et de chaînes d’approvisionnement intégrées émergeront comme les véritables leaders du marché.