Les données de l'emploi ADP de novembre aux États-Unis viennent tout juste d'être publiées, et les chiffres sont bien plus mauvais que prévu.

En réalité, le nombre d'emplois a diminué de 32 000, alors que le consensus du marché tablait sur une augmentation de 10 000, et le mois dernier, il y avait encore une hausse de 42 000. Cet écart n'est pas une simple déviation, mais la plus faible performance du marché de l'emploi depuis mars 2023. Les chiffres sont là : le ralentissement de l'économie pourrait être plus rapide que ce que la plupart des gens anticipaient.

Qu'est-ce que ces chiffres signifient pour les marchés ?

Commençons par la position de la Fed. Leur politique monétaire est guidée par deux ancrages : l'emploi et l'inflation. Or, les données sur l'emploi montrent désormais une fissure notable. Les anticipations de baisse des taux en décembre vont rapidement s'intensifier, le dollar va subir une pression et les attentes d'une liquidité plus abondante commencent à se diffuser.

Ensuite, la réaction des actifs à risque. Historiquement, les anticipations de baisse des taux s'accompagnent souvent d'une agitation collective des actifs risqués : inutile de mentionner les actions américaines ou l'or, mais les actifs comme le bitcoin, très sensibles à la liquidité, le sont encore plus. L'ethereum, le dogecoin et autres cryptomonnaies majeures ont tendance à bien performer dans un contexte de politique monétaire accommodante. La logique pour les flux de capitaux est simple : dans un environnement de taux bas, il faut soit chercher du rendement, soit se couvrir contre la dépréciation.

Un autre point souvent négligé : la volatilité à court terme importe peu, ce qui compte c'est le changement de cap du récit. Depuis un an, le marché intégrait sans cesse l'idée de "taux plus élevés, maintenus plus longtemps", mais ce schéma pourrait bien s'inverser. Passer de "plus haut plus longtemps" à "plus tôt plus vite", cette bascule directionnelle a bien plus de valeur qu'un simple mouvement de prix sur un ou deux jours.

Bien sûr, il existe une autre interprétation : des chiffres de l'emploi aussi catastrophiques, n'est-ce pas le signe d'une récession à venir ? Si l'économie atterrit brutalement, une baisse des taux pourra-t-elle vraiment sauver les marchés ? C'est l'inquiétude des baissiers, et elle n'est pas infondée.

Les données sont connues, la logique est exposée. Faut-il saisir l'opportunité certaine d'un tournant macroéconomique, ou rester prudent et attendre d'autres signaux ? Qu'en pensez-vous ?